Écrite en 1941, cette célèbre nouvelle de Zweig
fut publiée un an après la mort de l'auteur, en 1943,
à Stockholm sous le titre Schachnovelle. La première traduction
française parut en Suisse l'année suivante.
Monsieur B., avocat viennois arrêté par la Gestapo, croit
pouvoir trouver dans un manuel d'échecs dérobé
la force de résister aux interrogatoires des nazis, mais la passion
le gagne et il sombre dans la folie. Plus tard, sur un paquebot qui
l'emmène à Buenos Aires, il joue une partie contre le
champion du monde Mirko Czentovic.
Cette nouvelle qui, de façon exceptionnelle dans l'œuvre
de son auteur, fait référence aux événements
contemporains, est un de ses derniers écrits. Exilé au
Brésil, Stefan Zweig se donna la mort le 23 février 1942,
incapable de survivre à la détresse qu'avaient fait naître
en lui le nazisme et la guerre, négation radicale des valeurs
qu'il défendait.
Si cette partie d'échecs symbolise les tensions et les impuissances
de la société à faire face à une situation
dramatique, du point de vue échiquéen elle est strictement
conforme aux règles. "J'ai commencé une petite nouvelle
sur les échecs, inspirée par un manuel que j'ai acheté
pour meubler ma solitude, et je rejoue quotidiennement les parties des
grands maîtres", écrit-il à sa première
épouse Friderike, le 29 septembre 1941. Ensuite, le manuscrit
une fois achevé, il sollicita les critiques de son ami Ernst
Feder, ancien rédacteur en chef du Berliner Tageblatt et spécialiste
d'échecs.
Adapté au cinéma en 1961 par le réalisateur américain
Gerd Osward – avec Curt Jurgens dans le rôle principal –,
Le Joueur d'échecs est certainement aujourd'hui l'œuvre
la plus connue de son auteur. Pourtant, Stefan Zweig ne croyait pas
qu'un sujet, qu'il jugeait abstrait et marginal, puisse toucher un large
public.